« 24 janvier
Il est tard. Dans tous les sens
du terme. Je ne commence à écrire qu'aujourd'hui. Pourtant l'année
n'a pas commencé sous les meilleurs auspices. Personne ne m'a invité
à une soirée du nouvel an. Quand ça s'est su, les mêmes excuses
bateau revenaient sans arrêt. C'était toujours : "On pensait
que tu étais déjà invité par untel..." Mais au lieu de
vérifier, on préfère se dire que je suis déjà invité par untel.
Ça évite de payer le téléphone. Ça évite surtout d'avoir ma
présence à se coltiner!
09 février.
Ça bouge. Ça bouge trop là
dedans ! Qu'est-ce que je vais devenir ?
19 février.
Mais qu'est-ce qu'elle a cette
vieille truie à me regarder comme ça ? Elle a un regard malfaisant,
chaque matin quand je la croise. Elle me toise avec ses yeux de
merlan frit comme si j'étais une bête ou une chose étrange venue
d'ailleurs. Une chose qu'il ne faudrait surtout pas aborder au risque
de se faire arracher la gueule d'un seul coup de griffes ! Elle sort
du métro, toujours à la même heure. Elle doit être responsable
d'un magasin ou d'un truc dans le genre. En tout cas, elle croit bien
être la dernière perle rare du monde. Elle se tient toute droite,
très hautaine avec sa coupe impeccable, un manche à balai dans les
fesses. Elle doit faire souffrir les petites jeunes qui travaillent
pour elle, en les traitant de tous les noms et en leur faisant
comprendre qu'elles ne sont que des sous-merdes de la société; que
sans elle, elles ne seraient rien; que sans elle, elles ne vivraient
pas; que sans elle, elles n'auraient même pas le droit de respirer.
Et celui-là, costard cravate
sans un seul faux pli. Toujours pressé. Il avait failli me renverser
à plusieurs reprises sans jeter un oeil en arrière et sans
s'excuser de sa brutalité. Encore un trou du cul qui cherche à
entuber son prochain et se faire le maximum de pognon sur le dos
d'innocentes victimes.
Quoique... Les innocentes
victimes ne sont pas si nombreuses que cela. Je pense même qu'il n'y
en a pas. Ou très peu. Le peu qu'il y ait, je dois en faire partie.
Je ne cherche rien de particulier, pourtant on vient toujours me
faire chier. Il y a toujours un clodo dans la rue pour me taxer d'une
pièce ou deux qu'il s'empresse d'aller noyer dans un verre de
whisky. Ou bien ces partisans ou ces crétins qui tentent de
convertir le commun des mortels à une nouvelle religion, loin de
celles qui existent déjà et qui vous promettent un vrai paradis.
Deux mecs m'avaient abordé une fois alors que je rentrais du boulot.
J'étais crevé et deux morveux viennent me pondre leur connerie sur
leur religion parfaite ! Mais qu'est-ce qu'une religion a de parfait
? Une religion ne fait-elle pas appel à l'intelligence d'un être
humain qui lui-même est très loin d'être parfait ? J'en ai vite eu
ras le citron. La première sommation n'ayant pas suffi pour avoir la
paix, j’avais dû me résoudre à lui faire bouffer son bouquin
qu'il me collait sous le nez, cet enfoiré ! Son pote n’avait pas
bronché. Il chiait dans son froc quand il a vu comment je m'occupais
de son collègue. Je n'ai pas eu d'histoire par la suite, dans la
mesure où ce qu'ils font est déjà interdit, ils n'ont pas osé
courir vers un agent de police pour porter plainte.
23 mars.
Les flics. Ceux-là aussi, je
les retiens. Les poulets. Je m'étais garé à un endroit où, je
l'avoue, je n'aurais pas dû. Mais je n’en avais que pour deux
secondes. Juste le temps d'apporter des médicaments à ma soeur qui
est souffrante depuis quelques années. Quand est-ce qu'on va lui
foutre la paix à elle aussi ? Quand est-ce qu'elle va être libérée
de ce mal qui la ronge de l'intérieur ? Bref ! Ce con de flic, il se
prenait plus pour Robocop que pour un agent des forces de l'ordre.
J'ai eu beau lui expliquer, il ne voulait rien entendre. Il a mis son
papier sur mon pare- brise et moi, je me suis torché le cul avec !
Bien fait connard ! Et la prochaine fois, je te le fais bouffer avec
toute la merde dessus !
J'en ai ras le melon de tous ces
merdeux qui pensent avoir tous les droits. Sans blague, on vit dans
un pays de fous. Ceux qui sont les plus tranquilles, ce sont ces
petits morveux à peine sortis de l'entrecuisse de leur mère et qui
commencent à faire la loi. Le pire, c'est que comme tout le monde en
a peur, on ne leur dit rien. Même ces empaffés de flics ne disent
rien. C'est pour ça qu'ils en profitent pour faire chier le petit
contribuable.
26 juin.
L'autre jour, j'ai croisé un de
ces merdeux qui font la loi. Il voulait me taxer d'une cigarette. Je
ne fume pas mais j'ai fait mine d'être intéressé. Je lui ai dit
ses quatre vérités et il n'a pas pu faire autrement que de partir
en râlant et en m'insultant. Je me suis contenu mais j'avais envie
de lui faire bouffer le trottoir. Il se prend pour qui en m'insultant
comme ça ? En plus, je suis sûr qu'il est allé directement voir
ses potes pour leur dire qu'un pauvre taré avait osé lui refuser
une cigarette. Il est même certainement allé leur dire qu'il avait
fait une grosse tête à cet enfoiré de mes deux !
Je suis allé au supermarché
aujourd'hui. Ça m'a un peu calmé. J'ai rencontré une nouvelle
caissière. Très souriante, très jolie mais également très
nerveuse. Elle avait commis une erreur et se mettait dans tous ses
états. Je l'ai assurée que ce n'était pas bien grave, qu'on allait
faire ce qu'il fallait pour rattraper le coup. On a discuté un peu,
le temps que la chef caissière n'arrive pour récupérer l'erreur.
Je lui ai proposé d'aller boire un verre un jour. Elle m'a répondu
qu'elle ne savait pas trop. Je lui ai dit qu'elle avait le temps de
réfléchir parce que je venais tout le temps faire mes courses ici.
J'aimerais bien en savoir plus
sur elle...
28 juin.
Je retourne au supermarché, à
la même heure que la dernière fois, dans l'espoir de revoir ma
caissière. Je n'ai pas vraiment besoin de quelque chose mais je
trouverai un truc à prendre, un prétexte.
Il y avait des caisses libres,
mais j'ai fait mine de ne rien voir. J'ai pris une revue, ça aide à
montrer qu'on est plus concentré sur autre chose que sur des caisses
libres. Je suis resté où j'étais parce que la caissière était
là, fidèle au poste. Elle semblait aller mieux que la dernière
fois. Ça devait être son premier jour. Et comme elle était assez
jeune, ça devait même être son premier jour de cotisation.
Quand je suis arrivé à elle,
je lui ai demandé si ça allait et je plaisantais un peu en lui
disant de ne pas me compter la revue à dix fois son prix. Mais la
blague ne semblait pas comprise. Elle a souri légèrement, sans
plus. Je lui ai proposé une autre fois d'aller prendre un verre un
soir et elle m'a répété qu'elle ne savait pas trop. Alors je l'ai
rassurée, encore une fois, en lui disant que je ne mangeais
personne. Elle m'a dit qu'on verrait une autre fois, avec un sourire
charmant et quelque peu gêné aussi.
Elle est belle et je pense
souvent à elle.
29 juin.
Je repars pour le supermarché.
Avant de rentrer, je jette un oeil aux caisses mais ne vois pas ma
caissière. Alors je fais celui qui cherche quelque chose dans ses
poches. Une chose que j'aurais oubliée bien entendu. Je n'aimerais
pas que l'on me surprenne à surveiller une caissière. Autant faire
comme si on avait perdu un objet pour faire demi-tour. C'est mieux.
Ça attire moins les regards. Et puis j'en ai assez qu'on me regarde
comme une bête curieuse.
1er juillet.
Elle était en caisse ce soir.
Je suis allé la saluer. Mon coeur battait très fort. Je me
demandais s'il fallait lui proposer une autre fois d'aller prendre un
verre. Au dernier moment, je me suis dit qu'il valait mieux ne pas
insister. J'ai lu dans son regard quelque chose de froid. Quand elle
m'a vu, j'ai l'impression que son visage a changé d’expression. De
la bonne humeur, il est passé à l'exaspération. Bien que
exaspération soit peut-être un peu fort. Il y avait du monde autour
d'elle, elle ne pouvait pas montrer un tel dédain.
Toujours est-il que, je ne sais
pas pourquoi, elle semble ne pas vouloir me voir. Encore une qui se
joue de moi. Je ne lui ai rien fait pourtant, merde ! Alors pourquoi
? Pourquoi n'aurais-je pas le droit de l'inviter quelque part, pour
discuter, passer un moment avec elle ? Pourquoi me regarde-t-elle
ainsi ?
Quand je passe en caisse, elle a
le même sourire que d'habitude. J'ai envie de lui dire qu'elle n'est
qu'une hypocrite. Mais je me ravise. Je commence à partir et je
reviens sur mes pas pour en fin de compte lui dire qu'elle n'est
qu'une hypocrite. Elle paraît étonnée par ce que je lui dis. Mais
je m'en tape ! Je n’aime pas les gens qui se foutent de moi ! Je
n’aime pas les gens qui profitent de ma gentillesse.
14 juillet.
Lors du défilé, retransmis à
la télé, un type a essayé d'aligner le président. Il avait
dissimulé son arme, une carabine de chasse d'après ce qu'ils ont
dit, et était passé inaperçu dans la foule. C'est un ancien
militaire qui l'a repéré et qui l'a neutralisé. Il n'y a pas eu
d'autre incident ce jour-là.
Un type a le courage de tenter
de faire ce que tout le monde peut faire avec un peu de bonne volonté
et il faut qu'un connard de militaire l'en empêche ! Le gars tout
bronzé, là haut, dans sa tour, se fout de nos gueules. Mais à
partir du moment où sa cote de popularité est assez haute et
que son portefeuille se trouve bien rempli, il ne s'inquiète pas
trop. Mais tous les jours, il fait gonfler les prix de la superette
du coin sans toucher aux salaires de misère qu'on nous donne !
J'aurai pu être ce gars avec cette arme. À la seule différence que
moi, j'aurais fait mouche !
25 août.
Mon voisin du dessus est
bizarre. Déjà, il gare sa bagnole en empiétant sur ma place à
moi. Je peux encore garer ma voiture, il y a de la place mais il en a
une lui aussi ! Pas la peine de venir bouffer sur la mienne ! C'est
décidé, la prochaine fois, je le fais chier jusqu'au bout, quitte à
lui pousser sa poubelle américaine dans le fossé. Je paie pour une
place de parking, ce n’est pas pour qu'un guignol vienne en
profiter !
Mais ce n'est pas pour cela
qu'il est bizarre. Je crois qu'il me surveille. Il sort presque
toujours en même temps que moi. Il doit regarder ce que je
fais. Cette nuit, je sortirai mettre un papier sur son pare-brise.
Dessus je mettrai : "Je sais que vous me surveillez. Alors
arrêtez ! "
26 août.
Il a trouvé mon mot ce matin
sur son pare-brise. Je l'ai observé depuis la fenêtre de ma
cuisine. Il a secoué la tête et a jeté le papier par terre après
l'avoir mis en boule.
Et oui bonhomme ! Je sais
maintenant ! Je sais aussi que tu vas te couvrir devant tes potes en
disant qu'il y a un mec ici, qui croit que tu le surveilles. Tu leur
diras : "Comme si je n’avais que ça à foutre de la journée
!" Tu rigoleras avec eux mais tu rigoleras jaune. Parce qu'au
fond de toi, tu sauras que j'ai raison !
1er septembre.
Le bâtard du dessus continue à
observer mes moindres faits et gestes. S'il insiste, s'il ne me
laisse pas en paix une bonne fois pour toute, il va se retrouver avec
un trou au milieu du front ! Ça ne va pas traîner, l'histoire ! Je
ne vais pas me laisser faire par un empaffé pareil ! Je me suis
demandé pourquoi il faisait cela. J'imagine que c'est parce qu'il a
une vie bien morose. Ajoutons à cela une femme qui ne le satisfait
pas au lit, on a un gros lot. Mais je me fous de sa vie ! Tout ce que
je veux, c'est qu'on me fiche la paix.
21 septembre.
Une fille m'a abordé dans la
rue ce matin. Ce n'était pas la première fois que je la voyais dans
cette rue. Il m'arrive assez souvent de la croiser et de discuter un
petit moment avec elle. Ce matin, elle m'a salué et m’a adressé
un sourire. Je n'ai répondu que par un hochement de tête. Alors
elle est venue vers moi et m'a proposé d'aller boire un café.
"Qu'est-ce que tu crois,
pauvre conne ! Que je vais te sauter dans les bras comme ça ? Tu
crois que c'est du tout cuit pour toi ? Que je suis débile ? Que je
ne comprends pas ton jeu ?" que je lui ai dit...
Elle est partie. Visiblement
offusquée. La pauvre chérie.
Je connais ce genre de nana.
Elle commence par vous payer un verre ou un café, elle vous invite
au resto ou chez elle où elle vous sert un plat surgelé dégueulasse
sous prétexte qu'avec son boulot, elle ne peut pas faire la cuisine
comme elle le souhaite. Et ensuite elle vous sort de jolis mots
attendrissant, elle vous dit qu'elle n'a jamais rencontré un type
comme vous, que vous êtes gentil, intelligent, craquant... Et à la
fin, elle vous pique votre pognon et fait de votre vie un enfer !
Sale garce ! Retourne faire le trottoir, ça te sera plus
bénéfique !
Je te vomis !
02 octobre.
Ça approche, à grand pas. Tous
les ans c'est la même histoire, la même chose. Je me sens mal. Je
suis irritable. Je le sais, j'en ai conscience mais je n'y peux rien.
C'est comme ça chaque année. On pense que l'on va oublier mais ce
n'est pas vrai. Ça revient sans arrêt, ça ne vous lâche plus. Ça
vous tue... à petit feu.
Pourquoi il a fallu que ça
tombe sur moi ? Pourquoi lui ? Pourquoi a-t-il fallu qu'il parte si
rapidement ? Pourquoi m'avoir laissé comme ça, avec toute la merde
?
23 octobre.
Rien de particulier aujourd'hui.
Il ne se passe jamais rien de particulier le 23 octobre. Des
souvenirs, des regrets, des douleurs. Rien que ça...
Une journée maudite de plus...
02 Novembre.
J'ai appelé mon banquier
aujourd'hui à cause d'une lettre me signalant que j'étais à
découvert. Je sais que cet enfoiré cherche à me mettre sur la
paille. Et comme je n'avais rien dépensé, je savais qu'il me
mentait et qu'il cherchait à m'entuber un peu plus. Alors le ton est
monté.
Et j'ai compris qu'il avait mis
ma ligne sur écoute ! Il enregistrait tout ce que je disais. J'ai
raccroché après lui avoir dit qu'il allait le regretter !
15 Novembre.
Je suis allé me balader cette
après-midi. Je suis allé au parc. J'ai été suivi. Un type louche
qui se cachait derrière les arbres quand je m'arrêtais. Mais je
l'ai bien vu. Quand il s'en est aperçu, il a donné le relais à un
de ses potes !
Comment ont-ils su que j'allais
au parc ce jour-là ? J'ai fait cela sur un coup de tête !
Avant de quitter le parc pour
rentrer chez moi, j'ai retrouvé un des types qui me suivaient et je
lui ai balancé un direct dans la tronche. Je l'ai plaqué au sol
pour lui faire cracher le morceau et il m'a traité de fou !
L'insolent ! Je lui ai laissé la vie sauve mais je l'ai prévenu que
je ne voulais plus le voir traîner autour de moi.
24 Novembre.
Je n’avais pas envie d'aller
au boulot aujourd'hui. Je savais qu'il se passerait quelque chose. Ça
couvait depuis trop longtemps. Mon patron m'avait dans le
collimateur. Il m'avait pris pour cible et il ne me lâcherait pas
avant d'en avoir fini avec moi.
Il m'a fait appeler dans son
bureau. Je savais déjà pourquoi il m'appelait. Il voulait me mettre
sur le dos une connerie quelconque. Pourtant je n'avais rien fait.
Au lieu de ça, il se
préoccupait de ma santé. Je ne sais plus quelle ânerie il m'a
sorti mais il avait peur que je ne fasse pas bien mon boulot. Il a
continué à me débiter ses conneries et je me suis énervé. Vous
ne pourrez jamais savoir à quel point cela fait du bien de taper sur
son patron quand il vous emmerde !
Bon. Il m'a renvoyé et va
probablement porter plainte. Mais je m'en fous. Son boulot c'était
de la merde de toute façon ! J'en avais marre, je ne le supportais
plus. Et puis voir tous ces connards tous les jours, tous ces trous
du cul qui parlaient dans mon dos, ça me faisait vomir !
13 Décembre.
On est vendredi. Quel est le con
qui a dit que ça portait bonheur un vendredi 13 ?
Je suis allé manger dehors ce
midi. Marre de rester enfermé chez moi. Pourtant, au moins, je ne
vois pas tous ces visages qui me fixent intensément comme si j'étais
une bouse. Tout le monde me regarde. Oh ! Mais je sais bien que ce
n'est pas pour mon côté charmeur. Il n'y aurait que les nénettes
qui me regarderaient sans ça. Non. En plus, je n'étais pas connu.
En fait ils me regardaient parce qu'ils avaient pour mission de me
surveiller. Tous ! Les mecs comme les pouffes ! Même les gamins s'y
mettaient. J'avais envie d'en claquer un !
Quand j'ai repéré leur manège,
j'ai tout laissé en plan et je suis parti. Je m'en tape. Je suis sûr
qu'ils ont glissé un truc de merde dans mon coca !
19 Décembre.
J'ai mal au crâne ! J'entends
les gens qui murmurent et qui parlent sur moi. Ils me haïssent. Je
le sais.
24 décembre.
Ça va faire un an que plus
personne ne m'appelle et je n’ai pas envie d'appeler. Pourquoi il
n'y aurait que moi pour faire les premiers pas ? Marre de tous ces
connards qui se croient. Marre de tous ces trous du cul qui vont
passer leur soirée devant une dinde aux marrons et une bouteille de
vin. Ils vont oublier leur misère le temps d'un soir et ils se
plaindront ensuite que rien n’a changé.
Je les vomis !
Je ne veux même plus les
regarder dans les yeux : je sais ce que j'y verrais. Du mépris. De
la haine. De la honte aussi. Honte de me voir. Honte de moi, de ce
que je suis, de ce que je représente.
Un faible se tirerait une balle
dans le crâne en voyant cela mais pas moi ! Moi, je vais leur
montrer de quoi je suis capable. Je vais sortir mon fusil de chasse.
Je l'ai piqué à mon oncle avant de couper les ponts. Je savais
qu'un jour il me servirait. Ça sera ce soir qu'il va me servir. Je
vais commencer par cette vieille truie qui n'arrête pas de me
reluquer avec son air suffisant de bourge. Et je me ferai aussi la
caissière, ma caissière. Je vais lui apprendre à se foutre de ma
gueule. Ensuite, j'en sais rien. Il y en a tellement. Je les
choisirai au hasard. Je m'éclaterai... »
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