Amy arriva en retard d’un bon
quart d’heure. Harry et Clyde, dans leur fourgon se demandaient si
ce quart d’heure allait se répercuter sur l’heure de sortie. Ils
étaient restés assis, à guetter l’arrivée d’Amy et la tension
était montée petit à petit. Anxieux de ne pas la voir arriver, ils
avaient déjà échafaudé toutes sortes de plans, allant du simple
retard sans conséquence, jusqu’au terrible accident mortel survenu
alors qu’elle traversait la route. Quand ils la virent arriver, ils
furent soulagés. Mais la peur de voir leur plan capoter, pour
seulement un petit quart d’heure, était toujours là. Ils avaient
mis encore vingt minutes pour se décider à faire ce qui était
prévu.
Sous pression, Clyde descendit
du fourgon pour courir vers l’entrée du Fitness Club Olympus.
Sous pression, Harry démarra
son engin pour aller le garer sur le parking, à l’arrière du
bâtiment.
Si Clyde n’eut aucun problème
à trouver les clés de la bâtisse, quoi qu’il les prit toutes,
donc cinq trousseaux de trois tonnes chacun, et mit encore une
dizaine de minutes pour fermer la porte de devant, Harry eut un peu
plus de frayeur en voyant que le parking n’était pas si désert
que cela. Comment avait-il pu imaginer que toute la ville irait se
poser devant un match de boxe ? Amy elle-même n’y assistait pas !
Si Amy n’y assistait pas, bien entendu que d’autres n’y
seraient pas !
Cela dit, ce n’était pas non
plus aussi perturbant que ça en avait l’air. Harry dénombra trois
voitures et fut soulagé de voir que l’une d’elle appartenait à
un client du bar voisin, qui utilisait le parking du Fitness pour
éviter de payer l’horodateur sur les places donnant sur la rue. Le
client, qui manifestement n’avait pas bu qu’un seul verre, mit un
certain temps avant de trouver ses clés. Harry pensait même à un
moment qu’il allait descendre et l’aider à les trouver, le faire
monter en voiture, démarrer et le conduire jusqu’à la sortie. Il
n’en eut pas besoin, le gars partit, non sans quelques difficultés
à faire garder la ligne droite à son véhicule et disparut dans la
circulation peu dense de cette fin de journée.
Clyde apparut par la porte de
derrière, celle-la même que devrait emprunter Amy dans quelques
minutes. Il jeta un œil sur l’ensemble des voitures présentes et
monta dans le fourgon.
– J’en ai bavé mais
c’est bon ! J’ai fermé la porte de devant et j’ai balancé les
clés derrière une armoire, dit-il alors.
Il jeta encore un coup d’œil
sur les voitures du parking.
– Qu’est-ce qu’on fait
pour ceux-là ? demanda-t-il.
– On attend de voir qui sort
le premier.
– C’est risqué, tu ne
trouves pas ?
– Tu as une autre idée ?
Clyde réfléchit. Trois
voitures, donc au moins trois personnes. Peut-être plus, quatre ou
cinq grand maximum.
– On peut aller visiter les
vestiaires et piquer les fringues, ils ne sortiront pas à poil tout
de même.
Harry le regarda. Il se crut
dans une mauvaise bande dessinée. Pour empêcher de faire sortir les
nanas et les mecs du Fitness, Clyde n’avait rien trouvé de mieux
que de piquer leurs vêtements.
– Appelle Armand ! Qu’il
l’appelle pour lui dire qu’un truc grave s’est passé, qu’elle
doit rentrer au plus vite ! proposa Harry.
– Elle ne va pas se douter de
quelque chose ?
– J’espère que non ! On
verra. Essaies.
Clyde prit le portable posé sur
le tableau de bord et composa le numéro d’Armand. Celui-ci fut
surpris et comprit dans un premier temps qu’il s’agissait d’un
problème dans le déroulement de leur plan. Clyde lui expliqua
brièvement ce dont il était question et Armand s’exécuta. Harry
et Clyde sortirent du fourgon pour se diriger vers le Fitness. Depuis
la porte vitrée de derrière, on pouvait voir le couloir principal
qui menait de la salle de gym aux vestiaires. Si Amy tombait dans le
panneau, ils la verraient se faufiler dans le couloir. À moins
qu’elle n’ait pas pris son portable avec elle pendant qu’elle
faisait sa gym.
Ils regardaient par la vitre.
Clyde sortit une cagoule de sa poche. De la poche intérieure de son
blouson, il fit apparaître un chiffon et une petite bouteille de
verre avec un liquide transparent qui bougeait dedans.
– Qu’est-ce que c’est ?
demanda Harry.
– Du chloroforme. Ça sera
plus facile pour nous de la transporter si on l’endort. T’avais
pas pensé à ça, tête de circuit imprimé ?
Harry fit la moue et se plaqua
contre le mur lorsqu’il vit Amy passer en courant dans le couloir.
Clyde et Harry entrèrent dans
le Fitness et se précipitèrent vers les vestiaires tout en mettant
leur cagoule en place sur leur tête. Harry jeta un œil vers la
salle de gym. Quelques péquenots étaient en train de faire leurs
exercices. Clyde imbibait son chiffon de chloroforme. Ils entrèrent
dans le vestiaire des dames mais ne virent personne à l’intérieur.
Ils se regardèrent et se dirigèrent vers les toilettes d’où
un bruit étrange leur parvenait. Ils entrèrent et trouvèrent Amy
en train de vomir tout ce qu’elle pouvait dans un lavabo.
C’est à ce moment là que le
portable d’Harry se mit à sonner. Amy se retourna brusquement. Et
tout alla très vite. Clyde se jeta sur elle, la main renfermant le
chiffon de chloroforme en avant. Il la percuta au visage dans son
empressement, passa derrière elle et parvint à lui faire respirer
l’alcool qui la plongea très vite dans un sommeil de plomb, sans
qu’elle ait eu le temps de pousser un cri.
Harry, lui, se débattait pour
trouver son portable et décrocher aussi vite qu’il le pouvait. Le
téléphone eut largement le temps de sonner quatre fois de suite
avant qu’il n’appuie sur la touche lui permettant de prendre la
communication.
– Allo ! dit-il
nerveusement. Quoi ? Tu n’as pas pu la joindre ! Ben on a cru que
si et ça a failli tout faire foirer !
Clyde chargea Amy sur son épaule
droite comme un sac à pommes de terre et revint dans le vestiaire.
Il entrebâilla la porte pour voir si personne n’arrivait. Il
comptait porter Amy dans le fourgon pendant qu’Harry se
dépatouillait au téléphone. Personne en vue, il marcha
précipitamment dans le couloir. L’adrénaline fusait à grande
vitesse dans tout son corps. Il n’était qu’à quelques mètres
de la sortie et pourtant cette dernière lui paraissait si loin, si
inaccessible.
Si quelqu’un sortait de la
salle de gym, il était foutu. Il accéléra le pas, sentant la folie
grimper, cette peur qui prend tous les gosses lorsqu’ils ont décidé
de piquer les fruits dans le verger interdit. Il la ressentait de
manière décuplée. Parce que si les mômes ne risquaient qu’une
engueulade, il risquait beaucoup plus, lui. Il risquait la prison !
Il parvint jusqu’à la porte,
l’ouvrit et se dirigea vers le fourgon en jetant des regards
partout. Il ne vit personne. Tant qu’Amy n’était pas à
l’arrière du van, il ne serait pas tranquille. Il ouvrit la porte
et la déposa à l’intérieur. Il referma la porte et partit
retrouver Harry.
Ce dernier était encore au
téléphone avec Armand, lui expliquant ce qui se passait et ce
qu’ils allaient faire maintenant, à savoir attendre qu’Amy se
réveille pour l’appeler. Seulement, comme Clyde l’avait assommée
au chloroforme, il ne savait pas si elle serait de retour dans le
monde réel pour 21h, comme prévu.
Clyde lui fit signe que tout
était ok et Harry raccrocha en signalant qu’il devait y aller. Ils
retirèrent leur cagoule et regardèrent à nouveau si la voie était
libre avant de courir vers la sortie. Ils ouvrirent la porte et
furent soudainement soulagé. Ils avaient réussi. Pas comme le plan
l’avait prévu mais ils avaient pu enlever Amy.
Il leur restait à élucider un
mystère cependant : où diable était passé le fourgon ?
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