samedi 15 octobre 2016

06 - 2006

Les agents Manetti et Gordon continuaient leur tour de quartier entamé la veille. Ils sonnaient à toutes les portes afin de poser quelques questions au sujet des récents cambriolages perpétrés dans les environs. On en profitait pour leur faire savoir que la situation se dégradait, que jamais on aurait vu cela à peine 10 ans auparavant, qu’il fallait coincer ces salauds qui dépouillaient en une heure ce que vous gagniez en une vie, etc., etc., etc.…
Ces cambriolages étaient ressentis comme des viols et avaient ému toute la communauté. Le choc passé, les habitants entraient en colère et au lieu de continuer sur le chemin du deuil, ils restaient irrémédiablement coincés dans cette rage. Combien n’eurent aucune crainte de leur dire :
– Qu’ils viennent ! Ils seront reçus comme il se doit… avec du calibre 12 dans le cul !
– Vous n’avez pas le droit, disait Manetti.
– Ils n’ont pas le droit d’entrer chez moi pour me cambrioler et vous ne faites rien pour ça ! Ça sera ni plus ni moins de la légitime défense !
Et à Manetti de la fermer. C’était comme cela dans la plupart des maisons. Le quartier avait évolué, était devenu moins sûr, moins paisible. Même si on continuait à raconter d’horribles choses sur le 1318.
Manetti et Gordon remontaient justement l’allée du 1318, rue de l’acacia. Ils sonnèrent et attendirent quelques instants. Alors qu’ils allaient rebrousser chemin, la porte s’ouvrit sur un jeune homme que l’on réveillait, manifestement. Il avait les yeux mi-clos mais on pouvait tout de même voir qu’ils étaient injectés de sang. Les paupières rouges, les cernes noirs, de la bave à la commissure des lèvres. Le t-shirt troué, d’un vert crasseux et un jeans qui n’avait pas dû voir le lave-linge depuis quelques siècles dégageaient une odeur âcre qui prenait instantanément aux narines.
– Bonjour monsieur, annonça Manetti. Nous faisons le tour du quartier pour enquêter sur les récents cambriolages.
Doug – tout le monde l’appelait Doug mais en réalité personne ne connaissait réellement son nom ; il ne figurait même pas sur sa boîte aux lettres – sourit, se gratta la tête, sourit à nouveau et balbutia quelques mots incompréhensibles. En fait, c’était plus des grognements que des mots ayant un sens.
– Les cambriolages ! Oui, dit-il. Les cambriolages…
– Pouvons-nous entrer un instant ? demanda Manetti, tentant de regarder ce qu’il y avait derrière Doug.
Ce dernier hésita. Il regarda chacun des policiers avant de sourire une troisième fois et d’ouvrir sa porte pour laisser le passage aux deux agents. Ils jetèrent des coups d’œil autour d’eux. Doug sortait une bière de son frigo avant d’en proposer une à ses invités. Ils se regardèrent avant de refuser.
– On nous a signalé un fourgon gris rodant dans les parages, vous avez remarqué quelque chose ? demanda Manetti.
Doug, toujours souriant, ricanant même (on n’aurait su dire s’il était bourré ou shooté. Quoi qu’il en soit, il avait tout le mal du monde à tenir en équilibre) :
– Non ! Vous savez… je vis dans le noir. Et la plupart du temps, je suis pété à la bière et au canna. Même là, je ne suis pas sûr d’avoir les neurones en place.
– Vous êtes toujours présent chez vous ?
– En quelque sorte… mais…
Doug déglutit et fit signe aux policiers d’attendre. Il disparut dans la pièce d’à côté. Manetti et Gordon se regardaient, se questionnant silencieusement. La batte en alu ? Ils ne la virent pas. Elle assomma Manetti et avant que Gordon puisse faire quoi que ce soit (même s’enfuir aurait été une bonne chose pour lui), il rejoignit son co-équipier sur le carrelage crasseux de la cuisine.

De l’heure, ils s’en tapaient. De l’endroit où ils étaient, ils devaient s’en douter.
Une cave.
Ce qu’ils faisaient là par contre était un véritable mystère. Ils avaient encore mal au crâne et sentait un filet de sang chaud couler doucement sur leur nuque et leurs épaules. Ils ne pouvaient pas bouger.
Mains liées.
Pieds… également.
Gordon jugea la situation et elle n’était pas brillante en plus d’être étrange. Ils étaient en sous-vêtements, chacun sur un poteau de bois rond enfoncé dans la terre de la cave, dos à dos, une ceinture de cuir autour de la taille et une corde en travers du poitrail. Il ne voyait rien d’autre.
– Enfin réveillé, entendirent-ils.
Doug était assis sur une table. Leurs habits étaient entassés à côté de lui.
– Je vais vous donner un ou deux tuyaux, dit Doug. Ça vous aidera quand vous irez sonner chez mes voisins pour essayer de les enculer.
– De quoi tu parles ? voulut savoir Manetti.
– Ta gueule ! Tout d’abord, un flic fait le salut militaire quand il se présente à un péquenaud. Ça en jette d’emblée, tu comprends ? Ensuite, effacez le nom de l’entreprise qui a fabriqué vos flingues factices et sachez que dans « police nationale », il y a un « e » à « nationale ».
Pour preuve, il leur montra la plaque sur les chemises bleues. Effectivement, la faute grossière les avait perdus.
– Enfin, quand un type vous dit qu’il se pète la tronche au cannabis, vous devriez lui pourrir la vie jusqu’à qu’il aille avouer qu’il a baisé sa propre mère.
Manetti et Gordon, si c’était bien là leur nom – et Doug en doutait – baissèrent la tête en signe de capitulation. Le junkie tapa alors dans ses mains, lançant les festivités.
– Bien ! Le salut militaire, c’était des conneries bien sûr ! Mais vu vos tronches, vous ne vous en doutiez même pas. Alors, je vous explique, dit-il.
Il s’approcha de Manetti.
– Vous êtes reliés l’un à l’autre par un système ingénieux de câbles, de cordes et de poulies. Pour le moment, vous êtes attachés à une barre qui vous empêche de bouger. Normal puisque vous faisiez dodo, je ne voulais pas que le système se déclenche. Je veux jouir du spectacle ! Vous comprenez cela ?
Il donna quelques tapes sur la joue de Manetti.
– Mais maintenant, je vais vous libérer et seul votre équilibre vous permettra de rester sagement sur cette poutre, légèrement brinquebalante.
Il retira la corde autour du torse de Manetti et la jeta dans un coin où elle disparut dans la pénombre. Il resta un instant devant le soi-disant policier. Ce dernier avait une ceinture de cuir autour de la taille. Une chaîne y était accrochée et passait dans un anneau soudé à la barre et se volatilisait dans un coffrage de bois.
– Si tu as le courage de regarder au-dessus de toi, tu verras une lame aiguisée par mes soins. Inutile de te dire que ça coupe. C’est pas du bluff.
Manetti leva la tête. Il confirma que son équilibre serait désormais sa seule raison de vivre. La lame en question était artisanale, découpée dans un morceau de fer. Elle paraissait lourde et effectivement bien aiguisée. Il y avait encore des traces de sang dessus, preuve, s’il en fallait une, que d’autres personnes étaient passées par ici avant eux.
– Tu as vu ? questionna Doug en détachant Gordon. Sache que ton pote à la même au-dessus de la tête. Ce qu’il y a, c’est que j’ai dû me mélanger les pinceaux parce que tu es relié à la lame de ton pote et lui à la tienne. En fait, vous avez chacun la vie de l’autre entre les mains. Celui qui se casse la gueule, tue l’autre. C’est simple, c’est limpide, c’est génial !
Il retapa dans ses mains, leur fit un salut militaire du pauvre en claquant des talons et remonta les marches quatre à quatre. Il referma la porte derrière lui et les deux faux flics se retrouvèrent dans le noir quasi complet. Il y avait une faible lumière émanant du fond de la cave. Une petite lucarne qui se trouvait à la limite du sol.
– Tu vas me laisser pourrir ici, espèce de salaud, hein ? demanda Gordon.
– Ferme ta gueule. Je t’aime pas mais c’est pas pour ça que je vais te laisser te faire couper en deux. Maintenant, si tu insistes, je peux arranger le coup !
Manetti regarda autour de lui. Son équilibre le rappela à l’ordre. Il tendit les bras et se stabilisa. Il continua son inspection. Il ne faisait pas assez clair pour voir ce qui pouvait les sortir de là.
Comme si quelque chose pouvait les aider ici ! Ils étaient au milieu d’une cave. Impossible de se tenir quelque part. Le piège était pensé depuis des années, à n’en pas douter. Combien de cobayes avaient péri ici ? Combien avait glissé ? Combien avait abandonné la partie ? Combien s’en était tiré ?

La porte s’ouvrit derrière eux, un peu plus haut. Les planches de l’escalier de fortune craquèrent. Doug avait un portable à la main.
– On se demande « ce vous branlez », dit-il simplement en montrant le texto affiché sur l’écran. C’est écrit mot pour mot.
Silence. Manetti et Gordon étaient concentrés sur leur équilibre précaire.
– Pas grave, je vais répondre, continua Doug. Allez… vous… faire… foutre… connards ! Faut rester poli et si jamais vous revoyez cet abruti, vous lui expliquerez que c’est déstabilisant de lire quelque chose où il manque des mots.
Il envoya le message avant de faire de même avec le téléphone qui explosa contre le mur de pierre. Puis il baissa sa braguette et s’attela à arroser copieusement le poteau sur lequel reposait Manetti. Celui-ci ferma les yeux pour s’empêcher de réagir et de sauter du pilonne. Oui, il détestait Gordon. Oui, il était un cambrioleur. Mais certainement pas un assassin. Et il sentait que Gordon en était au même point que lui. Peut-être qu’ils pouvaient se taper dessus mais jamais ils ne se rabaisseraient à des instincts plus sauvages. Il serrait les dents. On lui pissait dessus et il n’avait qu’une envie – celle de sauter à la gorge de ce fou – à laquelle il ne devait pas penser. Les bras écartés. Seul cela comptait pour garder l’équilibre. Les bras écartés.
Et Doug repartit en sifflotant.

Ils ne comptaient plus les heures. Ils gardaient tant bien que mal les bras à l’horizontal. Les douleurs gagnaient les mollets, les abdominaux, les biceps. Ils transpiraient et à l’odeur de la sueur se mêlait celle de la peur. La peur de lâcher prise et d’avoir une mort sur la conscience.
– Pourquoi tu ne sautes pas ? demandait Gordon.
Ça faisait combien de fois qu’il lui posait la question ? Manetti n’en savait rien. Par contre, il savait que ça le gonflait. Cette question faisait de lui un assassin, la dernière des merdes, pire que cet homme à l’étage au-dessus qui s’amusait de leurs souffrances.
– La ferme je te dis. Tu vas me tenter à force.
– Je ne sais pas si je tiendrai le coup !
– Tu as tenu jusque-là, tu tiendras encore !
– Je ne sais pas ! J’en sais rien !
Quelques secousses et… putain, ce con pleurait ! Il relâchait sa vigilance. Et dans leur cas, « relâcher sa vigilance » signifiait baisser les bras, au sens propre comme au sens figuré du terme. Si la lame lâchait, il aurait le temps de la voir fondre sur lui. Il aurait le temps de se dire qu’il allait crever à cause d’un connard qui se la pétait en temps normal alors qu’il n’était qu’une merde.
– Ecoute-moi !
Les sanglots redoublaient dans son dos.
– ECOUTE-MOI ! cria-t-il.
Silence. Puis, quelques reniflements.
– Si tu lâches, c’est le taré du dessus qui gagne le jeu. Tu comprends ? Ne lui fait pas ce plaisir ! Sauf si avoir ma mort sur la conscience t’est plus agréable.
Il espérait ne pas donner de mauvaises idées. Ils ne s’appréciaient pas tous les deux. Et si cette suggestion devenait une excellente idée ? Après tout, il avait tenu bon jusqu’à présent. Se pouvait-il qu’il veuille le tuer ?
– Et si ça l’était ? entendit-il.
La panique montait. Il ne fallait pas. Il ferma les yeux, très fort, comme si en faisant cela le cauchemar finirait par partir.
– Hein ? Et si c’était agréable de savoir que je t’ai éliminé. Tu n’as jamais été sympa avec moi, toujours à me rabaisser…
– Arrête tes conneries…
– Toujours à te foutre de ma gueule…
– Arrête je te dis !
– Toujours à jouer les petits chefs ! Tu n’es qu’une merde après tout ! Si tu fais cela, c’est parce que tu n’as pas assez de couilles pour être le vrai chef !
– Ferme-là !
Un éclat de rire lui répondit. Il se transforma à un rire quasi hystérique. Un pétage de plomb qui, à coup sûr, n’allait pas se terminer sous les meilleurs auspices. Manetti sentait déjà le froid de la lame au-dessus de sa tête lui traverser les chairs. Il sentait sa peau se déchirer, son sang couler, ses os se disloquer, comme s’il était un foutu jouet en plastique. Et derrière, le rire se faisait plus fou encore.
– Pauvre connard ! criait Gordon. T’espérait quoi ? Que j’allais attendre gentiment que tu me laisses la vie sauve ? Comme si tu allais te sacrifier pour moi ! On se retrouvera en enfer !
Manetti hurla mais son cri fut noyé par d’infernaux craquements, cliquetis, grincements et grondements.
Gordon avait sauté au bas du poteau.
À mi-parcours, la chaîne dans son dos se tendit et le ramena à sa place, juste à temps pour que la lame au plafond vienne le couper en deux, de la tête au torse. Des sifflements accompagnèrent les chocs sourds des flèches qui le transperçaient. Son corps s’affala sur le côté et se balança, faisant trembler tout le dispositif.
Manetti, à peine conscient d’être toujours vivant, se battait pour ne pas perdre l’équilibre. Il n’avait pas tout suivi de la mort atroce de son équipier mais il savait désormais que leur hôte avait menti. Il était relié à sa propre mort (ou à sa propre vie, tout dépendait de quel point de vue on se plaçait). La pisse encore fraîche qui avait glissée sous ses pieds menaçait de l’envoyer à son tour dans des bras métalliques avides de boyaux et de sang.
La porte de la cave ne tarda pas à grincer. Doug survola les marches plus qu’il ne les descendit et sauta autour du corps de Gordon… du moins ce qu’il en restait. Manetti n’avait quasiment rien vu, hormis quelques bouts d’os et de muscles voler dans tous les sens à côté de lui. Il avait également senti une gerbe de sang le percuter et couler dans son dos. Ce qu’il ne savait pas – outre le fait qu’il ne voulait pas finir comme cet d’abruti de Gordon – c’était que ce dernier avait eu les jambes tranchées net par deux autres lames sorties de nulle part, qu’un couteau de boucher s’était planté dans ses côtes, qu’une batterie de clous lui perforait bras, jambes, tête, et c’était miraculeux que Manetti n’en ait pas pris un.
Doug vint se mettre devant Manetti.
– Je pensais qu’il t’aurait sacrifié bien plut tôt.
Manetti ne le voyait pas, ne l’entendait pas. Il pensait équilibre, équilibre, équilibre.
– Le jeu continue !

Le sang séchait sur lui. Il coulait plus difficilement, ce qui lui donna des frissons. En plus de devoir oublier que c’était un type qui lui dégoulinait dessus, il devait retenir le moindre frisson, la moindre sensation de grattement. Avec tout ça, il ne se rendit même pas compte que Doug était reparti. Il fermait les yeux pour éviter de vomir, pour se concentrer.
Quelque part, une plaque tomba et le fit sursauter. Du moins, il pensa à une plaque vu le bruit métallique. Une seconde, puis une troisième plus rapprochée. Il chercha à regarder autour de lui, se tournant lentement d’un côté puis d’un autre.
La lumière provenant de la lucarne, plus loin dans la cave, ne suffisait plus pour voir convenablement. Cependant, il avait la sensation que le sol bougeait. Il entendit aussi des bruits inquiétants.
Ça grattait quelque part.
Tout autour de lui en fait. Il sentit quelque chose sur son pied gauche, puis sur son pied droit. Ça grimpait. Le long de ses mollets, de ses cuisses. Ça passait sous son vêtement. Il serra les dents. Il ne pouvait qu’imaginer ce qui l’escaladait. Et ce fut un cauchemar. Cafards, mille pattes, perces oreilles, fourmis… il voulut hurler et pensa aussitôt à son équilibre. Encore une fois, il ignorait que son imagination était bien chic par rapport à la réalité. Bien entendu, il y avait quelques cafards qui lui couraient après. Adorables bestioles comparées aux fourmis moissonneuses dont le venin était 25 fois plus puissant que celui de la guêpe, des scorpions rôdeurs de la mort – dont la piqure pouvait tuer un enfant mais procurait de fortes douleurs à un adulte ainsi qu’une insupportable fièvre provoquant convulsions et coma –, et de l’araignée errante brésilienne. Joyeux zoo entomologique dont Manetti ne soupçonnait rien. La première morsure de fourmi lui fit comprendre que le jeu passait au cran supérieur. Il hurla à plusieurs reprises, s’arrachant les cordes vocales et se demandant ce qui occasionnait tant de souffrance. Les injections se succédèrent, il transpira de plus en plus et il eut si mal qu’il finit par ne plus rien ressentir. À moins qu’il ne soit tombé de son mât.
Il entendit juste un « swing » et puis… plus rien.

Doug ne se précipita pas dans la cave. Il continuait de suivre sur son écran les images que lui renvoyaient ses caméras à vison de nuit qu’il avait disposées un peu partout dans la cave – pour ne rien perdre de son jeu machiavélique. Il était plutôt écœuré que ce soit déjà terminé. Il était assez bon physionomiste pour repérer les parasites de la sorte de Manetti et Gordon. Mais souvent, il surestimait leur instinct de survie.
Il resta sur la dernière marche, mains dans les poches. Il avait allumé la lumière et observait le millier d’insectes qui se trémoussait sur le sol et sur sa machine infernal. Les corps de ses invités se balançaient doucement au bout de leur chaîne.
Bien qu’il donnait régulièrement à manger à ses insectes, leur loyauté absolue envers lui n’était pas avéré. Il enclencha un interrupteur et attendit que les bestioles aient fui les ultrasons. Un ingénieux système qui les conduisait toutes dans un unique endroit : un corridor aménagé tout autour de la cave et accessible par des trappes disséminées aux quatre coins. Il restait toujours un ou deux cafards jouant les rebelles mais le principal était que les saloperies les plus venimeuses soient à l’abri. Ce serait un comble que Doug claque au milieu de son système de mise à mort si redoutable.
Il détacha les carcasses des corps, mit le tout dans des sacs à gravas et les traîna dans un recoin de la cave. Il souleva la trappe que personne ne pouvait remarquer. Il examina l’eau qui se trouvait là. Elle était calme. Pas pour longtemps. Il versa le contenu des sacs et l’eau se mit à bouillir dans un fracas assourdissant. Il entendit même les petites dents claquer. Il referma la trappe, laissant ses piranhas faire le reste du travail.
Si un jour on venait à le démasquer – ce qui arriverait probablement –, on fouillerait cet endroit. On trouverait sa machine infernale. On trouverait la trappe. Et si personne ne se faisait bouffer, en vidant le caisson, on découvrirait un tas d’os humains.
Peut-être qu’une vingtaine de personnes demeurait là, au fond, soigneusement nettoyées par ces petits monstres aux dents acérées et à l’estomac défiant toute concurrence.

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