Le vieux Talbert
mangeait depuis longtemps les pissenlits par la racine. On ne s’en
plaignait pas. Au moins, il en avait terminé avec ces élucubrations
sur le 1318, rue de l’acacia.
Seulement, c’était
sans compter sur son petit-fils à qui il avait monté le bourrichon
et qui, désormais, prenait la relève.
Comme le vieux
Talbert, le petit Tobias racontait à qui voulait l’entendre (il en
restait encore quelques-uns) que cet acacia n’avait rien à faire
ici. Le climat n’était pas fait pour lui. Impossible qu’un tel
arbre puisse pousser, s’épanouir ici. On pouvait quand même
admirer ce bois dans lequel on avait confectionné la couronne
d’épines du Christ. Comment expliquer ce miracle ?
Miracle ou
malédiction. Car bien des horreurs s’étaient produites dans cette
demeure aux allures pourtant si accueillantes. Les années passaient,
les cadavres s’empilaient au 1318 et, toutefois, personne dans le
quartier ne semblait se préoccuper ni du défilé de propriétaires,
ni de l’acacia, ni de l’adresse.
Oui, car comme
l’expliquait Tobias, l’adresse elle-même était une malédiction
à part entière. Le chapitre 13, verset 18, de L’Apocalypse
de Jean désigne en effet le chiffre du démon. Le même démon qui
occupe le 1318, rue de l’acacia. Cela faisait déjà beaucoup de
coïncidences à ne pas prendre à la légère.
Et dans ce
quartier, seul Tobias semblait s’en inquiéter… comme son
grand-père avant lui.
_______________________________________________________________________________
_______________________________________________________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire